RDC : Matata Ponyo brise le silence depuis l’exil – « Je suis contraint, mais pas vaincu »

Kinshasa, 2 août 2025 – Après plus de deux mois d’un silence pesant et d’une disparition qui inquiétait jusqu’aux plus sceptiques, Augustin Matata Ponyo Mapon, ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo, est officiellement « en exil ». C’est son parti, le Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), qui l’a confirmé ce samedi à Kinshasa par la voix de son secrétaire général, Francklin Tshamala.
« Il est bel et bien vivant, en sécurité, mais contraint à l’exil », a-t-il déclaré devant la presse, révélant avoir échangé directement au téléphone avec le leader politique. Selon ses propos, Matata Ponyo aurait été poussé à fuir en raison de « violations répétées » de ses droits constitutionnels, pointant l’article 30 alinéa 2 de la Constitution qui garantit la liberté de circulation de tout citoyen congolais.
L’homme qui dirigea le gouvernement de 2012 à 2016 n’a pas encore précisé sa destination, mais promet de révéler en temps voulu le pays dans lequel il a trouvé refuge.
Une condamnation jugée « inconstitutionnelle »
Le LGD ne mâche pas ses mots : la condamnation par défaut de Matata Ponyo, en mai dernier, est qualifiée d’« arrêt inconstitutionnel », « inapplicable » et de « honte nationale ». La Cour constitutionnelle est accusée de s’être transformée en bras judiciaire du pouvoir exécutif, dans un procès que le parti décrit comme « politique, injuste et sensationnaliste ».
Quatre ans d’acharnement judiciaire
Tshamala dresse un tableau sombre de la situation : « Quatre années durant lesquelles M. Matata, son épouse et ses enfants ont été moralement et physiquement torturés ». Le gouvernement est accusé d’avoir détourné deux millions de dollars appartenant au cabinet d’études de l’ancien Premier ministre. À cela s’ajouteraient une mise en résidence surveillée illégale, des perquisitions musclées, la destruction de biens personnels, et même une tentative d’empoisonnement.
Plus encore, des entraves à la mobilité de sa famille sont également dénoncées : sa fille aurait été empêchée de voyager vers les États-Unis pour ses études, et son épouse interdite de quitter le pays.
Une disparition orchestrée dans le silence
Le 21 mai, au lendemain de l’arrêt de la Cour, Matata Ponyo disparaissait des radars. Son parti n’en faisait officiellement mention que dix jours plus tard. Aujourd’hui, l’ancien chef du gouvernement congolais sort de l’ombre pour confirmer, à distance, sa détermination intacte : « Il continuera son combat pour l’État de droit », affirme Tshamala.
Vers une nouvelle phase de l’opposition ?
Le LGD annonce vouloir s’unir davantage avec les forces politiques de l’opposition restées au pays ou exilées. Le parti renouvelle également son appui à l’initiative des pères spirituels d’Asseinco et de l’ESCC, en appelant à une refondation de l’action collective : « Refonder notre capacité d’agir ensemble pour l’intérêt commun ».
À l’heure où le silence est parfois plus bruyant que le tumulte, le retour vocal de Matata Ponyo depuis l’exil risque de redessiner les lignes de la résistance politique en RDC.