RDC : les engagements militaires successifs des RDF ne visent pas à neutraliser les FDLR mais plutôt à conquérir de nouveaux territoires et permet à l’AFC/M23 de consolider son contrôle (Experts ONU)

Un nouveau rapport du groupe d’experts des Nations-Unies vient de dévoiler une nouvelle fois la présence de l’armée rwandaise aux côtés de la rébellion de l’AFC/M23 dans les opérations militaires menées dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Ce document consulté mercredi 2 juillet 2025 par ACTUALITE.CD précise que ces soldats rwandais ont appuyé la rébellion dans la conquête des villes de Goma et Bukavu dans les provinces du Nord et Sud-Kivu.

« Le général de division Ruki Karusisi (commandant des forces spéciales des FDR), le général de division Eugène Nkubito (commandant de la 3e division des FDR) et le lieutenant-général Mubarakh Mugunga (chef d’état-major des FDR) ont joué un rôle clé dans la planification et le commandement des opérations militaires au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Les FDR ont établi un quartier général avancé à Gisenyi, au Rwanda, à la frontière avec la ville de Goma. Des sources des FDR, des sources proches des FDR, de l’AFC/M23 et des responsables rwandais, ainsi que des sources diplomatiques et des services de renseignement, ont confirmé que les opérations des FDR avaient été conçues et coordonnées, entre autres, par le général James Kabarebe, officier retraité des FDR, actuellement ministre d’État à l’Intégration régionale au ministère des Affaires étrangères du Rwanda, le général de division Vincent Nyakarundi, chef d’état-major de l’armée, et le général de brigade Patrick Karuretwa, président de la Haute Cour militaire rwandaise, chargé de la justice et de la discipline au sein des FDR », lit-on dans le rapport du groupe d’experts des Nations-Unies.

Selon toujours le rapport, les engagements militaires successifs des FDR ne visaient pas principalement à neutraliser les FDLR ni à mettre un terme à une prétendue menace existentielle pesant sur le Rwanda. Au contraire, disent-ils, les renforts des FDR et les opérations militaires décisives visaient à conquérir de nouveaux territoires, tandis que la présence continue des FDR permettait à l’AFC/M23 de consolider son contrôle.

À son tour, le contrôle de l’est de la RDC par l’AFC/M23 a permis au Rwanda d’accéder à des territoires riches en minéraux et à des terres fertiles, a décimé les rangs des FDLR et a garanti son influence politique en RDC. Des sources des FDR et des sources proches du gouvernement rwandais ont indiqué que l’objectif final de Kigali était de contrôler le territoire de la RDC et ses ressources naturelles. La présence systématique des FDR aux côtés de l’AFC/M23, leur rôle clé dans le succès des opérations militaires visant la conquête et l’occupation territoriales, ainsi que leur contrôle et leur contrôle de facto la direction des opérations militaires de l’AFC/M23 constitue un acte passible de sanctions », ajoute le rapport du groupe d’experts des Nations-Unies.

Pour les mandataires des Nations-Unies, le fait que l’armée rwandaise a contrôle des opérations militaires de l’AFC/M23 fait d’elle responsable des actes posés par ce mouvement rebelle dirigé par le duo Nangaa Corneille et Bertrand Bisimwa.

Le Groupe réitère que la direction de facto et le contrôle effectif des FDR sur les opérations de l’AFC/M23 rendent le Rwanda responsable des actes de l’AFC/M23. En outre, l’usage direct et décisif de la force armée par le Rwanda contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de la RDC peut constituer un acte d’agression », souligne le rapport.

Le dévoilement de ce rapport coïncide au moment où le Rwanda et la République Démocratique du Congo viennent de signer un accord de paix sous la médiation américaine. Cet accord ambitionne de mettre fin à près de trois décennies de conflits armés causant la mort de milliers de personnes et déplacés dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

De son côté, Kigali a toujours justifié ses agissements suite aux menaces des FDLR qui selon le régime rwandais collaborent avec les FARDC alors qu’elles constituent une menace pour le Rwanda.

Clément MUAMBA