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Le Rwanda a mis en place un système de prédation économique organisé à partir des territoires congolais occupés

Selon un rapport explosif des Nations Unies, le Rwanda a mis en place un dispositif structuré de pillage des ressources minières congolaises dans les zones sous contrôle du M23. Extraction, blanchiment et exportation : tout un système de prédation économique est aujourd’hui à l’œuvre, au cœur de la guerre à l’Est de la RDC.

La République démocratique du Congo est en train de perdre, dans le silence de la communauté internationale, le contrôle effectif de ses ressources minières les plus stratégiques. Selon un rapport onusien consulté par Bloomberg et corroboré par les analyses internes transmises cette semaine à New York, la contrebande de l’étain, du tantale et du tungstène — les fameux « 3T » — atteint désormais un niveau jugé « sans précédent ».

Les experts sont formels : la dynamique repose sur une occupation militaire massive des zones minières par le mouvement rebelle M23, soutenu, entraîné et ravitaillé par l’armée régulière du Rwanda. Dans les territoires conquis, la chaîne de contrôle est parfaitement huilée : extraction, transport, transformation logistique et exportation via les frontières rwandaises. « Une fois au Rwanda, les minerais pillés sont mélangés à la production nationale. Cela permet de les blanchir dans les circuits d’exportation légaux sous l’apparence d’une origine rwandaise », explique l’un des enquêteurs de l’ONU.

« Cette manipulation systématique représente une menace sérieuse pour l’intégrité de la chaîne mondiale d’approvisionnement. »

Les faits sont d’une gravité exceptionnelle. Le M23, loin de se limiter à une insurrection militaire, impose un véritable système de gouvernance parallèle. Le rapport documente l’expulsion de chefs coutumiers, la mise en place d’une administration rebelle, la suppression de toute voix dissidente et l’instauration d’un climat de terreur. Ces dispositifs permettent au mouvement de sécuriser les sites miniers, d’organiser l’extraction et de contrôler l’ensemble des flux économiques.

« Dans certains territoires, le M23 a remplacé les structures de l’État. Ils collectent les taxes, gèrent les routes, les marchés, imposent des règles. C’est une autorité de facto, sans légitimité ni reddition de comptes. »

La capture de Goma et Bukavu, deux capitales provinciales stratégiques, a permis d’asseoir cette logistique. Ces villes ne sont pas seulement des symboles politiques : elles sont aussi les carrefours des routes minières. Leurs ports, leurs routes et leurs entrepôts sont désormais intégrés dans une économie parallèle contrôlée par les rebelles. Les minerais passent par des dépôts temporaires, sont reconditionnés, puis expédiés vers le Rwanda en toute discrétion.

« Ce n’est pas de la contrebande artisanale. C’est une économie de guerre structurée, avec des ramifications jusqu’à Kigali, et parfois jusqu’à Kampala », précise un diplomate basé à Nairobi.

Mais les enjeux dépassent largement la région. L’ONU tire la sonnette d’alarme sur les conséquences globales de ce système. Le Rwanda, pays dépourvu de réserves significatives dans les 3T, a vu ses exportations bondir artificiellement. Ce paradoxe statistique suscite de plus en plus de doutes dans les capitales occidentales. Des entreprises internationales — de l’électronique, de l’aéronautique, de l’automobile — pourraient se retrouver impliquées, bien malgré elles, dans une chaîne d’approvisionnement toxique.

« Le système de certification ITSCI est vidé de sa substance. La traçabilité est contournée à la source. Il est devenu impossible de garantir l’origine éthique de ces minerais dès lors qu’ils franchissent la frontière rwandaise », déplore un expert basé à Genève.

Le rapport dénonce aussi l’implication indirecte d’autres acteurs régionaux. L’Ouganda est cité comme point de transit pour l’or issu de l’Ituri, souvent exporté sans enregistrement officiel. Des députés locaux, parfois corrompus, faciliteraient ces opérations dans l’ombre. Le Burundi, de son côté, multiplie les incursions dans le Sud-Kivu, faisant craindre une régionalisation du conflit. Tout indique que l’Est du Congo est désormais le théâtre d’une compétition géoéconomique féroce, où les États voisins cherchent à sécuriser leur part du butin.

Pour les experts onusiens, la situation actuelle n’est plus simplement une crise sécuritaire. Elle constitue une mutation de la guerre en une forme de prédation institutionnalisée. Les rebelles deviennent des gestionnaires de ressources. Les États qui les soutiennent se comportent en bénéficiaires directs, voire en copropriétaires de la guerre. « L’Est du Congo est en train de devenir un gisement à ciel ouvert, administré par procuration. »

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