Moment gênant à la Maison-Blanche : la gaffe de Donald Trump devant l’anglophone Joseph Boakai
Au mini-sommet qui réunit cinq chefs d’État africains à Washington, le président américain s’est étonné du niveau d’anglais du président d’un Liberia dont c’est pourtant la langue officielle. Un impair de plus, qui démontre la méconnaissance abyssale du locataire de la Maison-Blanche de l’Afrique…

Ces dernières semaines, les experts politiques les plus « trumpophobes » se surprenaient à espérer une évolution du protectionniste 47e président des États-Unis, soudain impliqué dans la résolution des conflits du monde et intéressé par le cours de la vie africaine. Mercredi 9 juillet, le locataire de la Maison-Blanche recevait les chefs d’État libérien, sénégalais, mauritanien, bissau-guinéen et gabonais. Le mini-sommet sourd à l’Afrique australe avait notamment pour objectif de contrer l’influence économique grandissante de la Chine et de la Russie sur le continent africain.
La rencontre particulièrement feutrée n’a pas empêché Donald Trump de démontrer, à nouveau, sa méconnaissance abyssale de l’Afrique. Après une intervention de Joseph Boakai, l’hôte américain n’a rien trouvé de mieux que de féliciter le niveau d’anglais « si beau » de son invité, affirmant que bien des personnes assises à la table ne pouvaient effleurer cette exigence linguistique.
Lacunes sur l’Afrique
Manifestement candide, Trump a enfoncé le clou d’une remarque paternaliste : « Où avez-vous appris à le parler de manière aussi belle ? Au Liberia ? » Le Libérien, esquissant un léger sourire gêné, s’est contenté d’un « oui monsieur », sans préciser qu’il a lui-même étudié à l’université d’État du Kansas, aux États-Unis, dont il est sorti avec un diplôme de l’Agence américaine pour le développement international. Cette Usaid que le milliardaire américain a privé de ses subsides, faisant craindre des crises humanitaires sans précédent dans de nombreux pays du continent…
Au cours du même dîner, le président américain a également montré des signes d’impatience et de lassitude devant le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, avant de demander benoîtement à ses interlocuteurs de « dire leur nom et le nom de leur pays » avant de prendre la parole…
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump démontre que ses connaissances géopolitiques s’arrêtent aux frontières des États-Unis. L’Afrique, en particulier, constitue un trou noir dans sa culture générale. En avril, en lançant son projet d’instauration de droits de douane surréalistes, le président américain affirmait que « personne n’avait jamais entendu parler du Lesotho« . Lors de son premier mandat, il avait déjà confondu la Namibie et la Zambie, en évoquant le pays imaginaire de la « Nambie« .
Diplomatie transactionnelle
Sans doute une telle ignorance a-t-elle à voir avec le désintérêt, Donald Trump considérant que l’Afrique est en partie composée de « shithole countries« et de nations « génocidaires » comme l’actuelle Afrique du Sud. Comme de bien entendu, l’avidité économique est de nature à réveiller l’intérêt de l’Américain…
Si le programme du mini-sommet de ce mois de juillet évoque les questions de sécurité, il y est principalement question de commerce, d’investissement et d’exploitation de minerais. Dès le premier déjeuner de travail, Trump qualifiait les cinq pays invités de zones « dynamiques avec des terres de très grande valeur, de super minerais, des grandes réserves de pétrole, des gens merveilleux » et présentant « un grand potentiel économique en Afrique, comme peu d’autres endroits, à bien des égards ».